Avec « L’enfant parfaite », Vanessa Bamberger signe son troisième roman. Elle y évoque l’adolescence et ses difficultés. L’enfant parfaite c’est Roxane, une ado fragile qui se sent très seule. Fille unique, ses parents sont divorcés. Sa mère musicienne est souvent absente pour le travail et son père vit à Sète où il a refait sa vie. Très bonne élève, elle a intégré un lycée d’élite à Paris où elle subit une énorme pression sur les résultats scolaires. Sans compter qu’elle a un acné sévère. Pour le combattre, elle va prendre la seule molécule efficace, l’isotrétinoïne, devenue célèbre avec le Roaccutane. Une substance controversée du fait d’un possible lien de causalité avec des troubles psychiatriques. L’adolescente va être amenée à solliciter un ancien ami de son père, François, devenu cardiologue. Dans son phrasé slamé, Roxane raconte l’anxiété et la peur générées par le sentiment de devoir à tout prix répondre à l’exigence de ses parents, aux impératifs d’excellence et de performance. Elle évoque la perte de confiance en soi, la peur de ne pas être à la hauteur, d’avoir un avenir bouché, de décevoir ses proches. Personne ne voit le drame arriver. François devra en répondre devant le Conseil de l’ordre des médecins.

Tout en bousculant la chronologie, le roman alterne, chapitre après chapitre, les voix de Roxane et de François, mais aussi leurs univers musicaux qui occupent une place importante dans le récit.
Le roman traite avec force et intelligence du culte de la perfection, de la pression sur les notes, des effets produits sur les jeunes qui ont l’impression de jouer leur vie à chaque examen mais de l’impact sur les parents. Ces deniers craignent un manque d’avenir pour leurs rejetons vécus comme un prolongement d’eux-mêmes, alors ils mettent à leur tour la pression renforçant ainsi les effets délétères de ce système axé sur l’exploit, la comparaison et la dévalorisation. Même François, si altruiste, n’y échappe pas et vit une situation d’incompréhension avec son fils de 15 ans qui n’est pas top en maths.

Le procès de François constitue un autre point fort du récit. On suit avec intérêt les audiences, les argumentaires des parties. Ce dispositif permet à l’autrice d’explorer la question de la potentielle erreur médicale et de ses conséquences judiciaires. Que peut prescrire un médecin ?Quelle est sa responsabilité ? Autant de questions abordées dans ce récit passionnant de bout en bout !
Taggé: Vanessa Bamberger